El Desdichado

mars 2017 | Blog, Pratique personnelle, type-blog

Cette peinture – à l’encre, au stylo, à l’eau de javel et tout ce qui me tombait sous la main – est une des première que j’ai faite de ce poème. Elle date de janvier 1998.

Ce sonnet revêt pour moi une importance particulière. Il est comme un écho en poésie à ma démarche autour des lettres.

Écrit par Gérard de Nerval au 19e siècle, ce poème est de ceux qu’on étudie en classe, notamment durant des études littéraires. Et c’est ainsi que je l’ai découvert. Notre professeur a commencé par nous lire le poème – et la magie a opéré sur moi. Je me suis d’abord laissée bercer par la voix de l’enseignante, puis, rapidement, la musicalité du poème. Mais surtout, ce sont les mots qui m’ont enivrée : je ne comprenais rien ! Mais j’étais sous le charme.

J’ai aimé ce poème pour l’impression qu’il m’a donné, celle d’une poésie au-delà du sens.

J’ai repensé à ce sonnet, quelques années après, au cours de mes études d’arts plastiques, au moment où je jouais avec les lettres et l’écriture.
En effet, je travaillais sur la disparition du sens au profit du signe graphique. J’utilisais parfois des alphabets que je ne connaissais pas pour comprendre les moins possibles les lettres ; je retournais ma propre écriture (un peu alambiquée parfois) pour la voir sous un jour nouveau, sans mot à lire mais avec des traces à suivre.
Rapidement, j’ai utilisé le texte de de Nerval comme parallèle : dans les deux cas, je ne cherchais pas la compréhension « objective » mais un message qui passait par ailleurs, par du ressenti.

Je n’ai d’ailleurs jamais chercher à comprendre ce poème que j’utilise encore très souvent dans mes productions calligraphiques.

Et pour que vous puissiez vous aussi vous laisser bercer par le poète :

El Desdichado

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Gérard de Neval – Les Chimères

Voir aussi : Démarche artistique

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