Avoir un texte à calligraphier est un vrai enjeu pour moi puisque c’est la base même de mes peintures. Et il ne s’agit pas de prendre un texte au hasard et d’en faire un prétexte à la peinture. Le texte doit être porteur de sens pour moi et, ensuite, je le calligraphie. C’est comme ça que me l’a transmis Shinta Zenker, qui m’a enseignée la calligraphie, et c’est comme ça que je le ressens.
Je vous l’ai déjà raconté, pour trouver des textes à calligraphier, je vais piocher dans mes livres préférés. Et sinon, je suis tributaire du hasard des mes lectures, de mes rencontres.
J’ai, par exemple, découvert la Chanson triste – qui est certes triste mais pleine d’amour et d’espoir – en assistant à un concert (que je n’aurais pas choisi d’aller voir !) Et bien ce texte est venu rejoindre mon « coffre à textes » et je vais souvent le calligraphier, à mon avis.
Ayant un moment de libre lors de l’accrochage d’une exposition dans une librairie, j’ai feuilleté des livres et suis tombée sur plusieurs phrases qui m’ont interpelée dans un livre, hop, j’ai acheté « Tu es mon amour depuis tant d’années ».
Pour autant, je n’ai encore rien calligraphié à partir de ce livre et finalement très peu à partir de la Chanson triste.
Ça a été différent pour les textes d’Anne Jullien. Je ne connais pas Anne mais nous avons une connaissance commune qui m’a donné le lien vers son site. Je suis allée les lire, pour voir, et, en quelques pages lues, j’ai pu cueillir deux premières phrases. Dès le lendemain, l’une des deux m’a inspirée une peinture.
Je sais que la deuxième va prendre encore du temps à être calligraphiée à son tour …tellement elle me plaît !
Il y a plus d’un recueil de poèmes d’Anne que je n’ai pas encore lu, je vais assurément continuer ma lecture et peut-être trouver d’autres pépites qui me parleront.
Ils viendront alors rejoindre ce « coffre à textes » dont j’ai parlé. On y trouve des inspirations du moment, qu’éventuellement je ne calligraphierai plus, des textes qui reviennent me parler de temps en temps, des cueillettes dont je ne ferai peut-être rien. Mais aussi, des textes dont je ne me lasserai jamais (El Desdichado, par exemple).
Après mes « classiques », après les rencontres au hasard, une troisième source de texte est l’inspiration. De plus en plus, je calligraphie un texte qui m’est venu en tête. Ça a par exemple été le cas pour « Alors, avec les briques des murs, nous ferons des chemins » ou pour « d’une étincelle faire un feu infini ».
C’est probablement les phrases du livre des Petits moines qui m’ont donné l’impulsion (même si l’exercice était différent : j’avais une œuvre graphique sous les yeux et j’écrivais la phrase qui allait avec). Mais j’ai découvers, à cette occasion, un autre moyen d’expression pour moi : ces petites pensées. Cela a grand ouvert une porte qui n’était qu’entrebâillée : au moment de transmettre une impression, je n’ai pas que ma réserve de textes à disposition, je peux aussi aller chercher les mots en moi.
La calligraphie n’est pas, dans ma pratique, une fin en soi. C’est un moyen d’expression qui me correspond. Les textes sont ce qui va donner le sens. Ils répondent à la direction que je souhaite prendre et, à mon tour, j’essaye de me mettre à leur service pour créer une impression cohérente, qui répond à mon intention première.
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